Bitcoins : quels États-nations en possèdent ? Décryptage

213 000. C’est le nombre de bitcoins détenus par la Banque centrale de Bulgarie, une montagne de crypto-actifs qui fait pâlir bien des États. Le Salvador, pionnier en la matière, affiche plus de 5 700 unités au compteur, tandis que les États-Unis et l’Allemagne engrangent des réserves lors d’opérations judiciaires ou fiscales sans trop s’étendre sur les chiffres. Les stratégies divergent, souvent cachées derrière des politiques officielles ou des expérimentations discrètes, et les données publiées laissent la place à des suppositions, parfois approximatives.

Les approches en matière d’acquisition et de gestion des réserves de bitcoin varient du tout au tout selon les pays. Certains se lancent dans des politiques d’État, d’autres récupèrent des actifs lors de saisies, d’autres encore jouent la carte de l’innovation économique. Les informations publiques sont rares, ce qui nourrit les spéculations et les statistiques incertaines.

Panorama mondial : où le bitcoin est-il détenu par les États-nations ?

Impossible d’ignorer la Bulgarie. Sofia détient l’un des portefeuilles de bitcoin les plus massifs parmi les gouvernements, quasiment 213 000 BTC selon différentes sources. Cette fortune provient en majorité de saisies judiciaires, propulsant le pays sur le podium mondial, devant des géants de la finance et de la tech. Pourtant, la Bulgarie garde le silence sur sa stratégie, laissant le marché dans l’expectative.

En Amérique centrale, le Salvador avance en pleine lumière. Depuis la décision historique de Nayib Bukele, le bitcoin fait partie du quotidien économique. Officiellement, l’État possède plus de 5 700 bitcoins, chaque achat étant largement relayé sur les réseaux sociaux. Cette transparence fait du Salvador un cas unique et scruté de près par les acteurs de la sphère crypto.

Les États-Unis et l’Allemagne suivent une autre voie. Ces deux puissances accumulent d’impressionnants portefeuilles de crypto-actifs par le biais de saisies judiciaires, souvent issues d’enquêtes sur le blanchiment ou la cybercriminalité. Les chiffres exacts restent confidentiels, mais la présence de milliers de bitcoins dans les coffres de l’État est avérée. Reste à savoir ce qu’ils en font : conservation, revente, intégration dans les stratégies financières ? La question demeure.

Certains pays avancent à plus petits pas, mais n’en restent pas moins innovants. L’Ukraine, soutenue par des dons en crypto lors de la guerre, a perfectionné la gestion gouvernementale des transactions numériques. Sur le continent africain, des gouvernements observent attentivement le bitcoin, surveillant la volatilité de son cours et l’essor des usages populaires autour des crypto-actifs.

À l’échelle mondiale, la carte des réserves d’État en bitcoin se dessine à traits mouvants, entre stratégies publiques, tests économiques et gestion des saisies.

Quels pays possèdent officiellement des réserves de bitcoin ?

La plupart des États gardent un flou volontaire sur la taille de leurs portefeuilles en bitcoin. Certains, toutefois, s’affichent sans détour. Le Salvador reste l’exemple le plus emblématique : dès 2021, le bitcoin devient monnaie nationale. Depuis, chaque acquisition de BTC est annoncée publiquement, renforçant la volonté d’en faire un pilier du fonds souverain national.

La Bulgarie, elle, se distingue par un contraste saisissant. Avec plus de 200 000 bitcoins issus de saisies, elle ne revendique pas de stratégie d’adoption, mais la simple existence de cette réserve suffit à susciter les interrogations à chaque variation du marché. Que deviennent ces actifs numériques ? La question reste entière.

Côté grandes puissances, les États-Unis et l’Allemagne gèrent des quantités importantes de bitcoins, obtenus lors de saisies judiciaires. Ces montants, bien que conséquents, ne sont pas comptabilisés comme réserves de banque centrale. Pourtant, la revente de ces actifs a déjà eu des répercussions visibles sur la liquidité du marché.

Dans la sphère législative, aucun texte n’oblige les banques centrales américaines ou européennes à intégrer le bitcoin dans leurs actifs officiels. Les débats sur l’opportunité de reconnaître la monnaie virtuelle comme une réserve stratégique restent marginaux. Pour le moment, la prudence prime : les institutions financières préfèrent observer à distance plutôt que s’engager.

Facteurs d’adoption : pourquoi certains États misent-ils sur les crypto-monnaies ?

Les raisons qui poussent certains États à miser sur les crypto-monnaies s’ancrent dans des contextes bien particuliers. Le Salvador, par exemple, cherchait à améliorer l’inclusion financière pour des millions de citoyens sans accès aux banques, tout en attirant des investissements étrangers. S’appuyer sur la blockchain lui a permis de réduire sa dépendance au dollar et de capter une part du marché mondial des transactions numériques.

L’Afrique subsaharienne illustre une autre dynamique : ici, la jeunesse connectée se détourne des banques traditionnelles. Les crypto-actifs deviennent un outil pour transférer de l’argent rapidement, échapper à l’instabilité monétaire ou sécuriser des échanges transfrontaliers. Dans certains pays, le volume des transactions en cryptomonnaies dépasse déjà plusieurs millions de dollars chaque année.

La maîtrise et la sécurité entrent aussi en jeu. Certains gouvernements voient dans la blockchain un avantage pour moderniser la lutte contre le blanchiment ou le financement illicite. Pourtant, la régulation n’avance pas au même rythme partout. Les autorités hésitent entre encourager l’innovation et préserver la stabilité du système financier. Chaque banque centrale adapte sa cadence à ses propres enjeux.

Enfin, pour quelques États, la crypto-monnaie devient un outil d’affirmation sur la scène internationale. Diversifier ses réserves et réduire l’emprise des grandes monnaies fiduciaires : cette stratégie attire l’attention des investisseurs comme des régulateurs. Encore marginale, cette orientation s’inscrit dans un mouvement de fond qui pourrait s’accélérer.

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Les grandes tendances à surveiller dans la répartition mondiale des crypto-actifs

Le visage des crypto-actifs évolue à grande vitesse. L’adoption de ces technologies ne se limite plus aux pionniers. Désormais, les banques centrales testent, évaluent, observent. Sur le continent africain, la progression des transactions en cryptomonnaies est telle que la région s’impose en laboratoire à ciel ouvert, loin du regard des marchés occidentaux.

Trois grandes tendances se dessinent dans la répartition des crypto-actifs à l’échelle internationale :

  • Concentration régionale : L’Amérique latine et certains pays d’Afrique accélèrent l’intégration des crypto-monnaies, portés par la recherche de solutions face à l’instabilité monétaire ou aux coûts élevés des transferts classiques.
  • Institutionnalisation : Les régulateurs sont de plus en plus sollicités. Aux États-Unis, la SEC multiplie les annonces et les signaux contradictoires. En Europe, le règlement MiCA avance prudemment, alors que des voix critiquent la gestion de Gary Gensler, pointé du doigt pour son approche jugée restrictive.
  • Web3 et diversification : Le secteur blockchain ne se limite plus au bitcoin. NFTs, stablecoins, projets DeFi : les États adaptent leurs stratégies, mêlant ouverture aux nouveaux usages et volonté de contrôle réglementaire.

En Chine, la banque centrale poursuit ses expérimentations autour de la MNBC. Les États-Unis hésitent toujours entre régulation stricte et ouverture. La France, quant à elle, prépare un cadre légal tout en gardant ses distances. Les États détiennent désormais des millions de dollars en crypto-actifs, encore modestes face à l’or ou aux devises, mais la dynamique est lancée. Le mouvement est en marche : chaque décision, chaque vente massive, chaque projet pilote dessine la finance de demain. Reste à savoir qui osera franchir le pas suivant.